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"Terre d'Entente"
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"Terre d'Entente"
  • Accordeur de piano nomade France/Afrique de l'Ouest. Pianistes et musiciens du Maroc, du Sénégal, du Mali, du Burkina-Faso, de Côte d'Ivoire, du Togo... Tendez l'oreille ! Il est temps de mettre votre instrument au diapason...
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4 décembre 2009

Rabat-Marrakech

P1050253

Nous quittons Rabat munis de nos précieux visas mauritaniens.

La route que nous prenons part trop vers l'est et nous empruntons une transversale plein ouest vers Temera, traversant une province bien rurale et apercevant derrière les boutiques qui bordent la route, les premiers bidonvilles.

Hazielle dit : « On dirait plutôt des cartonvilles » tant l'assemblage semble précaire et fait de plaques indéfinissables qui ressemblent plus à du vieux bois ou du carton, qu'à des feuilles de métal.

 

La faim nous tenaillant, nous nous arrêtons à Temera pour déjeuner, dans un Déli très clean tenu par un marocain qui est revenu au pays après 18 ans passés en France. Très avenant, parlant bien français, il ne tarit pas d'éloges à l'égard d'Eko, qu'il  tient a promener un peu en laisse. Il nous parle de la France, de Livry Gargan, de Courtry, de Champigny sur Marne et nous  invite à venir chez lui manger le couscous. Devant poursuivre notre chemin, nous déclinons l'invitation.

Le serveur est quant-à lui fasciné par la tignasse blonde de Léon et ne rate pas une occasion de lui passer la main dans les cheveux : « Voilà jeune homme ! » « Tout va comme vous voulez? » « Vous désirez autre chose? »... et à chaque fois, hop!, la main dans les cheveux.

Léon trouve ça drôle une minute, et puis, agacé, dès que le serveur s'apprête à passer derrière lui, il enfile la capuche de son sweat, provoquant chez notre homme une mine déconfite. Cela nous a bien amusé tant ça paraissait irrépressible.

Nous rejoignons la N1 qui descend plein sud entre l'autoroute et la mer.

Petit break/ballade en bord de mer à la tombée du jour : jamais côte ne m'a semblé aussi dangereuse. Les courants sont tellement tumultueux qu'on ne peut en déceler le sens ni en percevoir la logique. Jamais je ne laisserai mes enfants se baigner dans un tel endroit. Tout ce qu'il y a de plus inquètant!

 

Puis nous entrons dans une agglomération qui paraît immense... encombrements, feux, klaxons... il est 19h30 et nous arrivons dans Casablanca. La mauvaise heure!

Mais quand vous découvrez un pays inconnu, même les bouchons vous semblent exotiques. Je suis assez fier de mon culot de conducteur parisien audacieux, car il constitue ici le minimum vital pour progresser. Je navigue à l'intuition, décidé à rejoindre l'autoroute. A gauche, à droite, à gauche... je suis quasiment sur de me perdre. Aucun panneau, nous continuons pendant 20 bonnes minutes, à la recherche d'une indication. Nous avons beau écarquiller les yeux, impossible de lire ne serait-ce que le nom d'une rue. Puis nous sentons que nous quittons la ville... où donc vais-je me retrouver, moi qui déteste demander ma route ?

Le premier panneau que nous voyons : « Route de la Mecque » !! Me voilà bien arrangé. Et puis miracle un second : « Marrakech » ! Je n'y crois pas ! Félicitations du jury.

Et hop ! L'autoroute : la circulation sur les nationales est vraiment épuisante, surtout de nuit. Cette façon de vous coller au train, de vous doubler quelles que soient les circonstances... Et puis sur le bord, des piètons, des vélos, des mobylettes sans éclairage... on se dit qu'on va finir par en faucher un et j'aimerais autant éviter d'avoir à conter ce genre d'anecdote. Alors l'autoroute ensuite, quel repos ! Seul inconvénient, les véhicules en face ne passent jamais en codes, ils roulent en feux de route et vous aveuglent copieusement. Mais relativement au reste, c'est plutôt agréable.

Il ne faut pas plaisanter avec la vitesse. Les contrôles sont nombreux, aux jumelles, et plusieurs fois, une voiture qui m'a doublé s'est fait arrêter peu après. Ça ne rigole pas !

A Rabat, dans un autre registre, j'ai dépassé d'1/4 d'heure le temps indiqué sur mon ticket horodateur et j'ai donc retrouvé la voiture munie d'un sabot orange du plus mauvais effet. Léon a paniqué ! Sur le papillon apposé sur le pare-brise, un numéro de téléphone. J'appelle et dans les cinq minutes, un préposé vient percevoir le montant de l'amende, soit 40 dirhams, et ôter l'inélégant appendice.

Ça ne paraît pas prohibitif, et puis au moins, on repart sans préoccupation, l'esprit tranquille, en se disant qu'il vaut mieux compter large la prochaine fois.

De nombreux hommes vêtus de blouses bleues s'occupent de vous trouver une place. Ils vous indiquent où patienter et facilitent la manœuvre. Ils sont indispensables, car si vous êtes dans une file de véhicules et que vous avisez une place, le véhicule qui vous suit vous colle tellement qu'il est impossible de faire un créneau. 5 secondes plus tard, c'est un concert de klaxons qui vous oblige à continuer. Quand ça fait ¼ d'heure que vous tournez, vous l'avez mauvaise !

J'ai vu certains de ces hommes, munis de tiges de bois fendues, remplacer avec dextérité les tickets périmés par de nouveaux sur le tableau de bord des voitures, à travers la petite ouverture laissée à la fenêtre. Ils récupèrent également votre ticket quand vous partez, même s'il ne reste que 10 minutes. Une véritable organisation où rien ne se perd.

Bon ! Nous sommes donc sur l'autoroute direction Marrakech. Nous faisons une bonne halte sur une aire très clean, à la française, voire mieux, avec jolis jardins, restau très propre, aire de jeux flambant neuve. Un agréable break qui se termine dans les larmes, car Léon, en remontant en voiture, et dans un cri strident, s'aperçoit qu'il a perdu sa Game Boy. On redescend et on cherche pendant 20 minutes, partout où il est tombé, en jouant ou en « promenant » Eko, qui fait le même poids que lui, mais a une stabilité et une force de traction sans commune mesure, d'où quelques vols-planés sans gravité, mais difficile à dénombrer, autant qu'à localiser.

Donc, on écume partout, la prairie, les buissons, le sable... rien ! Drame. Car il faut bien repartir.

Ca se termine par un gros dodo. Hazielle ne tarde pas à tomber également dans les bras de Morphée. Je profite rituellement de ma petite heure de calme au volant. Première sortie Marrakech, la nationale est puissament éclairée, de sorte que je n'arrive pas à distinguer l'environnement de part et d'autre. Or je veux trouver un endroit pour la nuit avant de pénétrer dans la ville. Au bout de quelques kilomètres, je distingue sur la gauche, à quelques centaines de mètres, une haute colline. Je guette une piste transversale qui semblerait mener dans cette direction, la trouve et m'y engage...

Il fait nuit noire, la piste devient vite très chaotique. Je traverse un village endormi. Des rigoles évacuent tant bien que mal les eaux usées noirâtres. Je les franchis en 1ère dans un floc-floc assez nauséabond. J'ai l'impression de ne rien avoir à faire ici mais un demi tour semble très téméraire. Je continue, toujours en 1ère, puis la campagne s'ouvre devant moi. Le long de la piste, des petits tas de gravats, sur des kilomètres. Et puis plus rien. Une piste très dure, de caillasses et de poussière. Pas un arbre alentour. Au mieux quelques cactus, et des buissons aux petites feuilles rondes et vertes entre des épines affreuses. Ils poussent d'une façon très élégante, mais je vous assure qu'on a pas envie de tomber au beau milieu.

Poussé par la curiosité, et toujours en quête d'un endroit propice pour s'arrêter, je continue jusqu'à être environné de collines à l'horizon. Pas un endroit pour se dissimuler. Je m'arrête donc au mileu de nulle part, dans un endroit où les cailloux sont moins nombreux, déploie une fois de plus notre « maison », réveille les enfants qui commencent à connaître la manoeuvre et se dirigent en somnambules vers l'échelle pour s'affaler dans leur lit.

Il y a du vent et la toile de tente fasèye. Ce genre de bruit intermittent qui finit par avoir raison de vos nerfs, après vous avoir empêché de dormir. J'anticipe et dois tendre les sangles, et dans l'impossibilité de planter la moindre sardine dans le roc, je leste le tout au moyen de lourdes pierres.

Je suis épuisé, et m'endors aussitôt à mon tour.

 

« Monsieur, Monsieur !!! » Je suis réveillé par une voix impérieuse, accompagnée de coups fermes sur le capot du camion.

Je me précipite hors de la tente en pyjama. Eko n'a rien dit ! Et je me retrouve nez à nez avec trois militaires en patrouille qui m'expliquent que la zone est interdite, que je suis sur un champ de tir, et qu'il faut partir tout de suite !!!

P1050255

Branle bas de combat, si j'ose dire. En cinq minutes, nous sommes tous trois habillés, la tente pliée, et nous déguerpissons. Pendant ce temps là, les militaires ont relevé mon identité sur le passeport, ainsi que celles des enfants. Cependant, ils se montrent fort sympathiques et courtois, ne proférant ni menace ni réprimande particulière. Moi qui nous croyait tranquilles, c'est loupé!

Quelques instants plus tard, alors que je mets le contact, j'entends les détonations au loin. Nous apercevons même, à moins d'un kilomètre, la fumée des armes qui claquent. Bof!

Pas un panneau, pas une barrière pour nous dissuader de prendre ce chemin. A 500 m de là, une ferme à flanc de colline, cernée de murs épais. Je l'avais remarquée à l'aller. J'étais conforté dans mon sentiment de quiètude. Il faut se méfier des apparences.

Très vite, nous retrouvons la route et prenons à nouveau la direction de Marrakech. Dans la banlieue, petit déjeuner (crèpes au fromage, thé à la menthe). Je trouve ensuite une droguerie qui n'a pas ce que je cherche, mais m'oriente vers le bon magasin tout proche qui nous procurera le nécessaire pour faire enfin fonctionner notre réchaud 2 feux qui remplacera avantageusement le petit camping gaz qui ne demande qu'à vous lâcher alors que le café est sur le point de sortir...

Plus loin, une enseigne Vulco. J'entre et leur demande s'ils peuvent me changer les disques de frein. Ils sont ok, d'autant que j'ai les pièces avec moi.

Je demande le prix : 150 Dirhams, soit un peu moins de 15 euros !! Je n'en reviens pas et demande « Chaque côté? »

Il hésite et me répond : « Oui, 150 pour chaque côté! » d'un air peu convaincu.

Je le regarde alors fixement et silencieusement...

Il se reprend ; « Non! 150 pour les deux... »

C'est d'accord. Il pense en avoir pour 2h1/2. Il est 10h50.

Il y a le wi fi, nous en profitons pour charger le plan de Marrakech.

A 12h30, ils doivent fermer. C'est vendredi, jour de prière, et ils ne rouvriront qu'à 14h30.

Nous nous promenons dans le quartier avec le chien qui fait toujours autant sensation, puis trouvons un restau sympa pour déjeuner, après 20 minutes de marche.

De retour à l'heure dite, ils reprennent le travail et ne finiront qu'à 16h30. Les disques étaient grippés et fort difficiles à démonter, mais le travail est fini, et bien fait.

Nous rentrons dans la ville et tout en visitant, nous mettons en quête d'une laverie. Las! Cela n'existe pas ici. Nous croiserons des pressings qui peuvent faire le travail, mais cela prend 48h.

Au moment de nous garer, nous sommes accostés par un homme qui nous propose un appartement. Nous le suivrons pour en visiter 2 : immenses, de quoi faire une réception avec 30 personnes, de grands canapés, 2 salons, terrasse, 2 chambres, une cuisine plus une grande entrée... qu'ils veulent nous louer 1000 Dirhams la nuit. Nous déclinerons l'offre, proposant 600 grand maximum. D'autant que je préfère plus petit et plus intime.

Finalement, nous en visiterons un troisième, toujours au même carrefour, avec piscines et prestations identiques. La déco est plus chaleureuse et nous nous disons qu'une bonne nuit dans une vraie chambre, avec baignoire, télévision et grand confort, ne nous fera pas de mal. Après tout, jusqu'ici, notre hébergement ne nous est pas revenu bien cher. C'est notre deuxième nuit sur 11 qui s'avère payante. Banco!

Nous dinons maintenant juste en face. Une petite promenade digestive avec Eko, et nous pourrons rejoindre nos appartements.

 

 

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Commentaires
J
J'ai oublié;voici mon numero de telephone:77 572 70 02 ca peut etre utile quand tu arriveras à Saint Louis<br /> Jamal
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