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"Terre d'Entente"
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"Terre d'Entente"
  • Accordeur de piano nomade France/Afrique de l'Ouest. Pianistes et musiciens du Maroc, du Sénégal, du Mali, du Burkina-Faso, de Côte d'Ivoire, du Togo... Tendez l'oreille ! Il est temps de mettre votre instrument au diapason...
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9 décembre 2009

Marrakech et Aït Ourir

Bien que d'une dimension peu intime, nous sommes contents de passer cette nuit dans l'appartement. Bonne grande douche. Télévision. Nuit calme, même si nous préférons le matelas de notre tente à ceux, très fermes (pour ne pas dire durs), des chambres.

Petit déjeuner copieux dans le même café que la veille, juste à côté, en plein centre ville. C'est le festival du film et nous apprenons que nous avons eu de la chance de trouver à nous loger à ce prix. Tant mieux.

Je prends contact avec la personne amie de Valéry, censée m'adresser à des pianistes en mal d'accordeur. Je lui dis que nous allons visiter la ville en attendant son appel plus tard dans la journée. Nous allons donc visiter les Jardins Majorelle, dont je vous propose de partager les splendeurs avec nous. A chaque pas, nous avons envie de prendre une photo à tous les points cardinaux! C'est magnifique.

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Il est difficile de faire un pas dans la ville sans être sollicité pour quelques dirhams, que ce soit une femme pauvre qui vous tend la main, un placier qui vous garde votre voiture, le gardien de nuit qui surveille la rue et votre chargement. Quoi que l'on fasse, il faut allonger la monnaie. C'en est usant, au point que nous décidons ensuite de prendre un peu le large et de sortir de la ville. La campagne nous manque.

La route vers Ouarzazate semble belle, même si elle part plein est, ce qui est à l'opposé de notre direction. Nous partons tout de même par là et roulons une demi-heure avant de nous retrouver sur la route du col. Nous commençons l'ascension des montagnes de l'Atlas, la faim commençant à nous tenailler.

Nous nous arrêtons juste à la sortie d'Aït Arour dans un restaurant qui surplombe une vallée verdoyante. Le Tagine de mouton est un régal, les frites parmi les meilleures qu'il m'ait été donné de goûter, et nous nous régalons également de jus de fruits frais mélangés (orange, banane, avocat, pomme et j'en oublie).

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Nous descendons ensuite nous promener dans l'exploitation agricole où se trouvent deux dromadaires, ainsi que des pintades, de s poules, des paons, des chèvres, un âne et quelques brebis. De petits canaux permettent d'irriguer les parcelles de légumes. Des oliviers également.

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Ensuite, c'est en contre-haut de la route que les enfants se précipitent à travers les rangs de cactus quasi omniprésents au flanc des collines. Le panorama est superbe et nous décidons de nous mettre en quête d'un coin pour la nuit au creux de l'oued.

Deux kilomètres plus loin, nous prenons à droite une route secondaire et assez vite, remarquons sur notre droite une passerelle tellement précaire que nous n'imaginons pas qu'elle puisse encore servir. Elle semble constituée d'un assemblage aléatoire de planches et de bouts de bois. Léon veut absolument essayer de l'emprunter. Je ne suis pas « chaud » et continue malgré tout, mais sur notre droite une piste semble traverser l'oued tout en revenant en arrière. Je passe en mode 4x4 et nous nous engageons, franchissant nos premiers gués dans le couchant. L'eau est peu profonde mais le plaisir d'avancer dans ces conditions chaotiques et de chercher un petit havre de paix est tel que nous savourons notre bonheur.

Nous parvenons, après avoir traversé le milieu de l'oued, très caillouteux, à un petit confluent au milieu d'une prairie d'herbe rase et de latérite.

L'endroit semble propice, d'autant que l'est est dégagé et que nous avons bon espoir ici d'être vite réchauffés par le soleil levant, car la nuit s'annonce fraîche. Nous sommes à 800 m d'altitude.

Avant que le soleil n'ait disparu, notre campement est établi. J'installe à nouveau l'auvent qui avait pris la pluie lors de notre nuit près de Rabat et qu'il est temps de faire sécher. Je sens que nous allons être bien ici.

Nous entendons l'eau claire ruisseler de part et d'autre de la voiture, dans les petits cours d'eau qui se rejoignent un peu partout.

Nous nous préparons une bonne salade de tomate et un plat de riz, puis filons au lit à 21 heures.

La nuit est décidément fraîche, comme je le redoutais, je n'ai même pas le courage de retourner dans l'habitacle consulter la température, mais le contraste avec la journée est saisissant. Dès que le soleil disparaît, nous perdons 15 à 18° dans la demi-heure.

Nous sommes bien équipés, et une fois tous trois allongés, rien cette fois-ci ne s'oppose à notre profond sommeil.

Le réveil est charmant dans cet endroit. Je fais quelques pas alentour : tout est joli!

En contrehaut, un petit canal d'une trentaine de centimètres de large dans un lit de briques, dévie l'eau vers des champs cultivés en amont. Les champs de légumes sont ceinturés d'une clôture faite de branches d'épineux  terribles plantés tous les 50 cm et maintenus en ligne par deux tiges de bambou parallèles nouées ensemble à chaque extrémité. In-fran-chis-sable sauf à la limite, pour un mulot!

Une section du canal est maçonnée et tient lieu de lavoir. On peut y étendre les vêtements et frotter à son aise, les pieds dans l'eau : providentiel !

Plus loin, une mare d'eau claire attire mon attention. Au fond, des nombreuses résurgences d'eau dans le sable que nous observons longuement. L'eau surgit mélangé à du sable qui se dépose en créant de jolis dessins concentriques. Il y a également des sortes d'insectes à la surface, brillants, ressemblant à des alevins et qui se tiennent groupés autant que possible mais s'éparpillent à toute vitesse, dessinant des courbes rapides en tous sens, dès qu'une créature s'approche. Ils sont tellement fugaces qu'il est impossible d'en suivre un du regard.

L'eau est poissonneuse, des centaines de petits poissons qui se confondent avec le fond du ruisseau, et qu'il est donc difficile d'apercevoir, sauf lorsque ils nagent un instant sur le côté, et l'on voit alors brièvement scintiller leur flanc brillant.

Je prépare ensuite le déjeuner, mais Léon a disparu au moment de s'attabler. Il est allé retrouver un âne aperçu plus tôt et qu'il ne quittera pas de la journée. Très vite, il a l'audace de le grimper et je le vois se promener, son petit bâton à la main, le faisant avancer en le talonnant à la base du coup, et le dirigeant par des coups légers à droite ou à gauche de l'encolure. Il se promène ainsi des heures durant à proximité, traversant les ruisseaux d'un petit pas autant assuré que saccadé..

Hazielle également s'y essaiera, mais avec moins de persévérance.

Elle me rejoindra pour la lessive, avant de se plonger dans ses premières évaluations pour le CNED qu'il ne va pas falloir tarder à poster.

Je lave, ayant gratté des copeaux de savon de Marseille dans notre bassine pliante. Nous malaxons le linge, le lavons une seconde fois, ne comptant pas notre eau claire. Puis rinçons abondamment trois ou quatre fois. Je suis ensuite tout content de tendre ma ficelle entre la galerie de la voiture et une petite souche à proximité (les buissons sont trop fragiles) pour étendre tout ce linge propre.

Une demi-heure plus tard, deux ânes qui paissaient tranquillement pas loin décident d'emprunter le chemin que « barre » ma corde à linge, et la sectionnent sans même ralentir, précipitant tout mon beau linge dans la poussière rouge. Patatras! Il va falloir tout recommencer à la case rinçage. Rage!

J'installerai donc ma corde en hauteur à l'aide de piquets prévus pour soutenir un auvent que je n'ai pas encore fabriqué. Il faut faire un beau triangle, soutenir au milieu, et tendre assez pour que le poids du linge ne fasse pas tout basculer... Ludique !

Léon aussi a travaillé, mais toutes les occasions sont bonnes pour quitter sa place, retrouver l'âne et basculer dans l'insouciance de ces instants.

Le passage d'un berger est l'occasion d'une petite récré, car il porte dans ses bras un agneau tout noir de quelques jours. Chacun le prendra dans ses bras.

Ce matin, une famille est passée tout près. Un couple s'en allant travailler dans la confection à Casablanca. Au passage, la femme nous donnera une galette de pain encore chaude qui nous tiendra lieu de petit déjeuner.

Ils ont attendu longtemps le taxi appelé plus tôt. Je vais donc les retrouver au bord de la route en empruntant la fameuse passerelle et les prends en photo. Le papa les a accompagnés au taxi. Ils sont ravis.

Je retourne à la voiture, sors l'imprimante et fais un tirage coulerur format A4 de la petite famille (trois générations). Je suis sensé la donner au papa un peu plus tard, mais, n'y tenant plus, ou pas bien sûr d'avoir compris l'offre, l'homme revient vers moi. Je lui tend à mon tour le tirage « tout chaud »! Ses yeux s'écarquillent ! Il n'en revient pas et me remercie chaleureusement.

Plus tard, le papa reviendra nous voir avec un panier contenant le thé à la menthe pour nous 5, ainsi qu'une autre galette de pain blanc et dans une assiette, une délicieuse omelette. Il entrera dans la tente et passera avec nous ½ h, me répétant : « France... François Mitterrand!.. DeGaulle ! Giniral deGaulle! France-Maroc -me montrant deux doigts accollés!- »

Conversation limitée, mais le coeur en dit beaucoup !

Je demande à Hazielle de laver les verres et l'assiette. Remets tout dans le panier. Il prend congé.

Plus tard, je propose le thé à la menthe à deux hommes assis tout près. Nous parlons un peu.

Toute la journée, des bergers passeront avec des brebis, des vaches, des chèvres.

Hazielle traira la vache et prendra une bonne tasse de lait mousseux pour le goûter.

La journée s'écoule ainsi. Nous ne roulerons pas aujourd'hui. Pas de moteur. Juste la quiétude de l'oued et sa vie particulière. Les gens sont pauvres mais heureux. Ils s'asseyent et contemplent leur vallée. Faisant praire leur bétail. Un beau petit vieux viendra me voir et me fera monter son âne. Il me demandera ensuite la pièce. Je préfère lui donner à lui qu'aux loueurs de poneys du parc du Luxembourg.

Après une journée passée ici, nous sommes connus de tous. J'ai distribué le thé, quelques cigarettes. L'accueil est souriant, chaleureux. Nous sommes conviés ce soir à partager le pain du vacher, au village au dessus. Irons-nous ?


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Commentaires
H
Nous voyageons avec vous grâce à ton merveilleux récit. Nous attendons l'épisode suivant aves impatience et en vous souhaitant bonne route, plein de rencontres passionnantes, de paysages inoubliables et le secours de quelques anges gardiens que nous missionons pour vous.<br /> Bises à vous trois,<br /> Henry et xtine
M
Vous voici hors réseau, le désert, plus envie de rendre compte ... comme je comprends ! Mais nous, là, nous avons pris des habitudes hey ! Tu écris, décris si bien les moments de découvertes et de rencontres, nous en voulons encore et encore ...<br /> A bientôt, dites ?<br /> Tendresses<br /> Maï.
T
On veut la suite ! No, c'est insupportable, je suis accroc ! La suite, la suite. Encore !<br /> Bécots à vous trois (+ la bete)
Y
NONO!!! QUEL PLAISIR D'APPRENDRE QUE TU VOYAGES AVEC LES ENFANTS!!! Trop fiers de mon Tonton!!! lol :-)))) Elle est excellente ta voiture/tente!!! Nous vous envoyons plein d'affection et de "positive vibes" depuis Singapour ou vous serez les bienvenus pour une étape de votre prochain voyage! :-)))) GROS BISOUS A TOUS!!!
N
Ah, Norbert, cousine, cousin... ca y est, vous etes partis! C'est beau de rever des grands voyages, du grand départ, mais ce n'est pas évident de l'effectuer... Bravo Tonton, j'admire ton courage! J'étais toujours impressionée par ton don d'organiser, de bricoler, d'improviser quand il le fallait, relax à presque tout moment, père responsable et attentif, tout en laissant arriver ce qui veut arriver - dons indispensables pour voyager en Afrique avec deux enfants. Je vous suis, je vous accompagne par le blog, je pense à vous. Que les nuits soient calmes et pleines d'étoiles et que les journées vous apportent des rencontres inoubliables, des paysages impressionants et de belles aventures à partager avec nous... Bises à vous 3!
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