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"Terre d'Entente"
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"Terre d'Entente"
  • Accordeur de piano nomade France/Afrique de l'Ouest. Pianistes et musiciens du Maroc, du Sénégal, du Mali, du Burkina-Faso, de Côte d'Ivoire, du Togo... Tendez l'oreille ! Il est temps de mettre votre instrument au diapason...
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13 juin 2010

Quitter Kpalimé... et remonter vers le nord.

Dans la logique du voyageur qui fait étape ou s'apprête simplement à parcourir une longue étape, il est de bon ton de « quitter » tôt !

Aussi le timing prévoit un départ à 8h00. Nous avons renoncé à passer par le Ghana et avons opté pour l'option « profitage maximum » à Kpalimé. Nous sommes le 9 au matin et l'avion de Vanessa part aux premières heures du 12, soit le 11 au soir, pour être clair. Trois jours pour remonter un petit millier de kilomètres, ça paraît raisonnable au vu de l'état des routes et du trafic. Ça permet de faire quelques petits détours bucoliques. Nous avons l'intention de quitter la route principale deux fois. La première après Kara, à Tchitchao, pour éviter la passe montagneuse que les camions gravissent en première lente. Tronçon dangereux s'il en est, surtout après la passe d'Aledjo qui vient de mettre à rude épreuve les moteurs, les boîtes de vitesse et les freins. Ce petit crochet à l'ouest devrait nous plonger au cœur du pays Kabyé, avec à la clef des sensations bien roots.

La seconde fois, ce sera au Burkina. Après Bittou, nous prendrons à nouveau à gauche en direction de Tiebele, ce village entièrement décoré de peintures ocres, blanches, noires et rouges, que les femmes maintiennent dans leur éclat avec paraît-il des plumes d'oie.

Comme ce village est lui-même à proximité de la réserve « Ranch » de Nazinga, nous avons bon espoir, si trop d'obstacles ne nous ont pas ralenti démesurément, de croiser quelques grands mammifères, dont des éléphants. Je sais que c'est quasiment tout ce qui peut manquer au « tableau de chasse africain » de Vanessa.

Le temps s'arrête tellement à Kpalimé, que malgré des journées bien remplies, je n'ai pas véritablement eu le loisir de me pencher avec attention sur le contenu des malles laissées depuis fin février. C'est donc au petit matin qu'à peine avalé mon café, j'étale tout ce matériel sur le rocher près du puits. Vanessa en profite pour retourner à l'école avec les enfants et se promener avec Essivi.

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A neuf heures, le chargement est quasi terminé. Je trouve un lambeau de chambre à air pour refaire l'étanchéité du réservoir d'eau que je fixe sur le toit. Tout retrouve à l'intérieur sa place unique et naturelle. Les livres du CNED vont faire des heureux, je les laisse à Evariste pour ce qui est du CE1. Le programme de 5è d'Hazielle trouvera vite preneur.

Les filles reviennent. Je sens Vanessa émue à l'idée du départ et suis ravi qu'elle ne « quitte » pas « en courant ». Comme je la sens donc pas si pressée, et que je n'avais pas de monnaie hier au marché pour acheter les quelques souvenirs qui m'intéressent, je me laisse tenter par François qui leur dit qu'on y va tchac-tchac... Et c'est presque parti. Tabac, épices, savon artisanal, bissap, etc... cela nous prend ¼ d'heure.

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Je fais le plein de boissons et d'eau direction le frigo. Nous flânons rapidement encore quelques minutes et retour à la maison. Firmin est de retour de l'école. Maître Gozo est là dans sa splendide chemise Old England au col boutonné.

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Emmanuel n'en perd pas une miette. François décide de nous accompagner un moment sur le chemin du retour. Il fourre un caleçon et une brosse à dents dans un petit sac. Nous buvons des menthes à l'eau... et c'est le premier départ. Il est 10h30.

Dans le chemin, tout le monde monte dans la voiture sauf Vanessa qui doit encore régler deux bricoles à l'épicerie. Elle nous rejoindra chez Corneille ou nous nous harmonisons tous autour d'un Pastis bien frais.

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François et Emmanuel ont décoré la voiture d'une fleur de palmier flanquée de ses trois pousses vertes bien drues qui se dressent entre le pare-buffle et le capot... c'est quoi donc  cette Cadillac ? Vanessa arrive. Evariste descend de l'école, ayant fini sa compo, il est onze heure trente. François, hier au soir, a débauché Ektonam, une jeune fille de 20 ans qui sert chez Corneille. Elle va prendre l'air un peu, deux jours, après ses examens, et nous accompagne également. Elle a mis son beau tailleur, son plus beau collier, elle est ravissante. Tout le monde est sincèrement ému, aucune feinte dans tout-ça... il va quand-même falloir y aller ! Il est 11h30.

Première ! C'est parti ! Direction Atakpamé.

Nous sortons de Kpalimé, droite, gauche, 1km plus loin, Emmanuel qui nous a devancé est garé sur le bord. Il agite son masque antipoussière blanc, nous envoyons l'ultime baiser. Ils sont incroyables !

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Troisième, quatrième, nous atteignons notre vitesse de libération et nous émancipons de l'attraction que Kpalimé et son humanité ont chevillé en nous. La grand piste s'offre à nous, et ses nombreuses déviations qui viendront tempérer mon ardeur ! Voilà déjà la première, puis la seconde, et la troisième... attroupement, camions, bulldozers, véhicules immobilisés,  motos et piétons juchés sur les tas de terre pour mieux savourer le spectacle... à nouveau, un camion s'est enlisé, et cette fois c'est tout au bord du trou que les roues de sa remorque s'affaissent peu à peu. Un semi remorque chargé de 45 tonnes de terre qui menace de verser tout-entier dans le trou ! Attraction ! Le bull à chenilles s'approche et vient plaquer son godet contre la benne surchargée pour l'empêcher de verser. Un énorme Caterpillar arrive ensuite par l'arrière et appuie sa benne verseuse à plat sur l'arrière de la remorque. Les trois moteurs se synchronisent alors pour essayer d'extraire tout ce poids de l'endroit précaire où il s'est enlisé. Et ce sont alors toutes les roues qui patinent en coeur sans que rien ne bouge ne serait-ce que d'un cil.

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Nous abdiquons alors et  faisons demi-tour direction... Kpalimé. Nous contournons la ville par le Nord-Est, sur les pistes, et commençons à accélérer l'allure. Le détour fera une bonne vingtaine de kilomètres dont une bonne douzaine dans le doute. François est persuadé que nous faisons fausse route, mais je persévère et nous finissons par trouver à un carrefour, un panneau rassurant. Nous rejoignons donc la route que nous avions quitté une dizaine de kilomètres après le problème initial, mais nous avons parcouru trente kilomètres.

Dès lors, nous ne rencontrons plus d'obstacle, si ce n'est la route en elle même avec tous ses pièges et ses usagers nombreux et colorés.

François a sans cesse envie de s'arrêter boire un coup. Il nous fait rire, se régale d'une méga-barre de Toblerone acheté en Duty Free. Il est comme un gamin, les mains pleines de chocolat fondu, et il en propose à tous. Vanessa voit passer entre les sièges une main monstrueuse et collante avec au milieu des pépites de chocolat fondu grosses comme des noix, elle est écroulée de rire. Il n'en restera rien !

Déjà Atakpamé. François est fatigué. Il décide de s'arrêter là . Nous retournons « Chez Soi », prenons une dernière Pils tous ensemble avant de se séparer à notre tour.

Maintenant, c'est plein Nord jusqu'à Kara, et la nuit tombe bientôt. Nous n'y sommes pas. La pluie elle, arrive décidément, violente, brutale, aveuglante, elle noie tout, la route devient difficile à discerner. A son approche, le ciel s'est teinté de bleus électriques, de gris acier, et de nuances nombreuses et denses. La vigilance se fait dans les trois dimensions. Les trous, les véhicules raréfiés qui viennent en face, les essuie glace vitesse maxi. On avance péniblement, tous les sens en éveil.

Kara enfin. La pluie comme souvent, est aussi brève que brutale, même si sous ses assauts, le temps  paraît long. Nous entrons dans la ville, au sec. Un peu claqués. Je demande vite ma route à un jeune qui monte derrière et nous accompagne à l'hôtel « Le Jardin », réputé pour être le meilleur. Chambre libre, pas chère, confort acceptable, et restaurant en effet. Une bonne douche et à table. Valentin nous rejoindra demain matin pour nous balader un peu dans Kara. Il est étudiant en licence de lettres, s'exprime remarquablement. « Vous dites? » répète t'il délicatement lorsqu'il ne comprend pas tout... adorable et courtois.

Il est là à 7h30 et toque à la porte. Nous prenons notre petit dèj en sa compagnie et partons nous promener dans Kara. Ca tape ! Nous trouvons quelques trucs, visitons l'hôtel Kara, palace local désert et presque pathétique, années 76, bungalow, luxe local. Une institution !

C'est reparti. C'est ce matin que nous voulons quitter la route principale pour visiter la vallée rurale des Kabyés, paysans du nord Togo. Nous tournons donc à gauche à Tchitchao, sur une route qui après seulement quelques kilomètres, se transforme en piste peu large mais agréablement gravillonnée. Nous suivons et nous laissons bercer par les virages. Les pneus crissent tranquillement. Les paysages se dévoilent. Les zones cultivées, petites car exploitées à la main, ou au mieux avec un âne qui tracte un soc de 30 cm. Un enfant l'asticote, alors qu'un adolescent maintient l'axe de la charrue. Nous avons envie de photographier toute cette nature, mais impossible de capturer ces vues d'ensemble.

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Vanessa désire s'arrêter et rendre visite à un village. Le seul village s'étend sur un kilomètre, et beaucoup de famille ont bâti dans les petits vallons alentour. Je redoute que notre passage ne suscite une telle attraction que nous risquons d'avoir du mal à gérer tout ce monde qui ne manquera pas de débouler très vite aussitôt le moteur coupé. Aussi j'évite de m'arrêter cette fois ci et continue. Je sens que Vanessa tient à ce que nous visitions des locaux, le plus loin possible de cette route internationale et commerciale. Nous sommes juste au milieu de notre boucle et c'est le moment. Soudain, quelques cases, des enfants autour, je m'arrête, recule un peu pour trouver de l'ombre. Nous descendons de la voiture et nous dirigeons vers ce minuscule hameau.

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Tout le monde disparaît à son tour entre les murs alors que nous approchons. Il reste une femme en haillons que je salue, et qui protège de sa maigre stature assise, des enfants qui s'approchent à nouveau, intrigués par le phénomène. Je sens l'inquiétude sur les visages. Que pouvons nous bien venir faire chez eux ? Aussitôt des hommes arrivent... des frères, bâtis comme des gladiateurs bien que peu grands. Le grand frère se recule lorsque je lui tend la main. Je viens de distribuer de petites bananes à tous les enfants qui se régalent. Vanessa les rassure vite et ils comprennent que nous ne venons pas colporter de mauvaises nouvelles pour la famille, du style « il faut partir, nous allons élargir la route ! »

Nous serons finalement invités à visiter la cour, passerons là un bon ¼ d'heure, prendrons les photos et repartirons, non sans donner quelque eau fraîche, un soda, un briquet, et un peu d'argent. Ils sont fous de gratitude pour un billet de 1000 cfa et tous nous raccompagnent à la voiture, nous complimentant sur tout. Le papa réclame son cadeau. Nous faisons encore quelques photos.

Nos pensées demeurent auprès de ces gens alors que nous finissons notre boucle en pays Kabyé.

Nous arrivons à Kandé. Retour sur la route, et nous haussons un peu le ton, histoire de franchir la frontière au plus tôt. Nous ferons une halte à Dapaong pour manger. Je n'en peux plus. Encore des surprises dans les gens qui passent, les situations qui se présentent, et des tentations de photos. Les formalités de douanes sont expédiées. Les douaniers m'accueillent par mon prénom. Les policiers de l'immigration qui visent notre sortie, lorsqu'ils comprennent que nous sommes ceux qui ont apporté la nouveauté dans leur poste avec nos imprimés ornés de l'emblème du Togo, s'empressent de nous offrir deux mangues juteuses en signe de gratitude. Ah ! C'est donc vous!

Nous pensions aller ce soir jusqu'à Tiébélé et bivouaquer, mais déjà la nuit approche, et c'est à Bitou que nous nous arrêtons. Je connais l'hôtel de la liberté pour y avoir passé une nuit dans l'autre sens avec les enfants fin janvier. Je n'oserais pas proposer la même chambre à Vanessa, mais il me semble qu'il y a de petits bungalows, et si l'un d'entre eux est libre, c'est signé. C'est tout bon. La nuit sera confortable. La cuisine en plein air du restaurant nous concocte des poissons succulents et nous nous installons à une table à l'extérieur, dans la rue, pour voir défiler le spectacle. Nous manquons de lumière. Je traverse la rue et m'enquiert de deux bougies que je trouve aussitôt. Puis je cours un peu plus loin acheter du pain pour saucer la délicieuse marinade des poissons. Nous nous régalons dans ce lieu étape pour les routiers qui a tout pour déplaire (grand parkings, boue) mais sait également vivre dans la joie et la simplicité. Un petit tour pour digérer dans ce carrefour un peu dément  ou une sorte de marché s'éternise bien tard. Une boutique de musique envoie un son très propre, il ne viendrait à personne l'idée de s'en plaindre. Ambiance dansante. Dodo.

Demain, nous visitons le sud du Burkina. Dernière journée pour Vanessa. Ça va être dense !

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Commentaires
L
Coucou,<br /> Merci pour ce partage de voyage!<br /> Heureuse et impatiente de voir les photos de la petite famille de François, qui doit avoir bien changé et aussi celles des paysages de cette Afrique inconnue pour moi.<br /> Tu dois maintenant à ce que j'ai compris, faire le trajet seul... profite bien de chaque instants et que la route te soit bonne!<br /> Je te souhaites en bonne forme et t'envoies de tendres pensées<br /> Bon vent...<br /> laetitia
V
africa,belle,surprenante et imprevisible.que de chaleur humaine dans toutes ces rencontres...espere que la suite du voyage sera aussi douce pour toi.si tu en as l occasion,envoie moi un mail,ca me fera plaisir d avoir des nouvelles persos;baisers:):)
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