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"Terre d'Entente"
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"Terre d'Entente"
  • Accordeur de piano nomade France/Afrique de l'Ouest. Pianistes et musiciens du Maroc, du Sénégal, du Mali, du Burkina-Faso, de Côte d'Ivoire, du Togo... Tendez l'oreille ! Il est temps de mettre votre instrument au diapason...
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24 décembre 2009

Agadir-Tan Tan

J'ai besoin d'un café et je m'arrête dans un endroit assez insolite : une grande bâtisse au milieu de nulle part, avec de gros hauts parleurs crachotant une musique arabe assourdissante, et seulement un homme à une table dans une terrasse immense : c'est le serveur. Les endroits publics tels que celui-ci sont toujours assez impersonnels, le comptoir petit, dans un coin, et très haut. La déco quasi inexistante : cela manque cruellement de chaleur humaine. Je commande deux cafés et deux madeleines que j'avale rapidement et fais quelques pas avec Eko avant de poursuivre, alors que deux autocars déversent leurs occupants pour une halte entre Dahla et Rabat.

Je repars et suis aussitôt dépassé par deux Mercedes blanches immatriculées en Allemagne dont les chauffeurs semblent décidés à arriver avant même d'être partis; Ils se suivent, s'échangent des messages par appels de phares codés, je m'accroche derrière, ça roule vite, mais c'est reposant, et la route est la plupart du temps toute droite.

Nous traversons Laayoune vers minuit sans nous arrêter, mais je les perd et suis à nouveau livré à moi même. C'est le sahara occidental qui s'ouvre à moi dans la nuit.

Les policiers ou la gendarmerie, ou bien même les deux, ont un poste de contrôle à l'entrée et à la sortie des grandes villes. Se succèdent donc des panneaux 80, puis 40 et 20 km/h avant le panneau indiquant "Halte-Police". Et là, à moins d'être seul sur le tronçon, il faut marquer l'arrêt et attendre qu'ils vous fassent signe d'avancer. Jusqu'alors, l'ambiance était plutôt détendue, mais les choses sérieuses commencent ici. Etant seul, je ralentis et avance lentement en seconde. Le policier se présente et d'emblée me repproche de ne pas avoir marqué le stop. Je lui explique pourquoi, mais il maintient que j'ai manqué de respect et me demande un cadeau. Je m'en tire en lui offrant un paquet de Winston et suis bien décidé à respecter scrupuleusement, désormais, le panneau d'arrêt.

Content de m'en tirer à si bon compte, je file vers Tan-Tan, porte du désert, dans la nuit profonde. J'y arrive à 5h du matin et m'arrête devant le premier hôtel. Une femme fluette à la voix douce m'accueille et m'indique une chambre à deux lits, elle m'accompagne à la voiture et m'aide à porter le sac alors que je prends Léon endormi dans mes bras. Hazielle suit en divaguant un peu. Nous nous écroulons tous trois pour finir la nuit.

Cela sent le grand sud au réveil, et je m'absente pour prendre un bon café et observer la population aller et venir dans l'artère principale. Les enfants se ruent autour de moi et demandent un stylo, un cadeau, un dirham. Ce sera difficile à gèrer car ils sont partout. Je retrouve les enfants et nous prenons chacun notre tour une douche dans une petite pièce sans bac et dont l'écoulement est approximatif, au point que l'eau monte et déborde dans la chambre... il faudra temporiser pour lui laisser le temps de descendre avant de poursuivre. La déco de la chambre n'est pas piquée des vers, un blanc moucheté de rouge, comme s'il y avait eu bagarre sanglante... bizarre bizarre !

Nous descendons prendre en face un petit déjeuner assez frugal. Il n'y a que des gâteaux individuels, sortes de génoises industrielles au chocolat, c'est bof, mais ça fait le boulot.

J'ai fait la connaissance juste avant de Safik, dont le talent pour éloigner les enfants m'a convaincu de lui offrir un café. Il s'avère très sympathique, il a une vingtaine d'années, parle un français approximatif mais intelligible, a un vrai grand sourire franc et sincère. Il nous tiendra compagnie pendant 48 h, nous servant de guide et nous préservant de bien des sollicitations épuisantes. Seul bémol, en nous accompagnant tout au début de la journée à Tan Tan Plage, et alors que je lui demande où il faut marquer le stop à une sorte de grand giratoire, il me dit "pas de stop". Je passe alors, bien qu'en seconde et à vitesse remarquablement réduite, mais cela ne loupe pas, le piège se referme, des policiers sont là et nous interpellent. Il faudra s'acquitter d'une contravention de 400 dirhams, infraction de catégorie 3, ou subir un retrait de permis. 40 euros... énorme pour ici. Un vrai piège à "touristes" ! Ils n'arrêtent que les voitures étrangères, et nous sommes les vingtièmes de la matinée : lucratif.

Nous arrivons en bord de mer où nous passons une bonne partie de la journée, les enfants sur la plage, tartinés de crème, jouent avec Eko, fascinés par la violence des vagues. J'en profite pour intervenir sur les vitres arrière de la voiture qui se sont décrochées l'avant veille et refusent de rester montées, car la chaleur fait fondre la colle du gaffer, pourtant réputé pour sa fiabilité, et ne manquent pas de descendre, constituant une véritable invitation à la fouille du véhicule.

Je répare la première en 20 minutes, il en faudra 3 fois plus pour la seconde, mais le travail est fait et je suis rassuré.

Le soir, nous nous promenons dans Tan Tan, et je fais quelques courses tout en prenant des repères pour le lendemain, car je voudrais voir un mécanicien, toujours cette histoire de crabottage bloqué, et un électricien auto, car notre frigo, disposé dans le coffre, n'est toujours pas fonctionnel car pas relié au courant.

Je fais donc l'acquisition de tongs, indispensables pour prendre une douche sans attraper de mycoses sur la plante des pieds, mais aussi du fameux bidon qui nous servira de machine à laver, que je trouve pour 30 dirhams, soit 1 dirham le litre de contenance. Bouchon à vis de grande envergure, c'est parfait.

Je repère un cordonnier qui se propose de réparer mes babouches préférées dont la semelle est percée pour 50 dirhams. Il fera le lendemain un travail remarquable, refaisant même l'intérieur, pour 70 dirhams, soit 7 euros.

La promenade est agréable et nous regagnons notre hôtel, bien que changeant de chambre car nous n'avions pas réservé pour cette nouvelle nuit. Déco identique, mais en bleu et doré, les éclaboussures... c'est moins sanguinolent, tout de même.

Safik nous laisse, promettant de nous retrouver le lendemain matin, pour me conduire chez le mécanicien recherché.

Ce qui fut dit fut fait, alors que les enfants dorment encore, nous allons faire réviser le train avant : opération bouclée en 1/4 d'heure pour 70 dirhams, la moitié du coût de la précédente opération. J'avais raison, le dispositif tournait bien librement, mais n'opérait aucun changement, j'étais donc, au mieux, en 3 roues motrices.

Nous allons ensuite chez l'électricien auto qui s'occupe du frigo, répare le klaxon et remet un peu d'ordre dans le faisceau.

Les enfants s'éveillent et me contactent grâce aux talkies achetés à Algéciras qui font enfin la preuve de leur efficacité. Safik me propose d'aller les chercher pendant que le travail se termine.

Nous avons envie de bien manger alors et suivons des recommandations qui nous conduisent dans un restau ou nous mangerons le pire repas du voyage : attente interminable bien que nous soyons quasiment seuls, frites froides, tout est dégueu, en plus c'est cher et le coca est tiède. Infâme !

Nous trouvons en général dans les restaurant des toilettes "à l'occidentale" et c'est quand-même agréable, de temps en temps, de pouvoir s'asseoir. Mais l'hygiène est telle que je me précipite à la voiture pour me munir d'une bouteille d'eau de javel et de lingettes bactéricides, effectuer un bon nettoyage, avant de laisser les enfants vaquer à leurs "occupations"... sympa l'accueil.

D'une façon générale, j'ai trouvé les sanitaires marocains déplorables et cela gâte un peu le voyage, tout de même. Heureusement que nous sommes légèrement constipés par le changement d'habitudes alimentaires, car cela permet d'espacer les... corvées de ch------.

C'est un grand jour dans la ville, car le Festival Mauresm Tan Tan se prépare. En 24 h, les rues sont nettoyées, les bordures pointillées des trottoirs repeintes, les véhicules misérables disparaîssent hors de vue. Il faut que la ville présente son meilleur visage, car le frère du Roi en personne vient assister aux courses de chevaux et de dromadaires.

Un village de tentes berbères est installé pas loin de la ville. C'est l'Unesco qui finance. Nous nous y promenons, impatients de voir les courses annoncées pour 18 h. C'est cela qui nous a motivé à rester un jour de plus. Las ! Nous verrons bien le Festival, dans la ville, pendant toute la soirée, mais les courses, en définitive, sont programmées pour le lendemain.

Malheureusement, cette série de photos a disparu avec l'ordinateur, et je ne peux partager avec vous ces vues bigarrées et insolites de foule massée le long de l'avenue, de jeunes hommes juchés sur le moindre promontoire et qui décampent à l'arrivée de la police. Certaines étaient pourtant réussies. Patience. Les photos reviennent dans le prochain épisode.

Nous reprenons donc la route.

Je continue ainsi à rouler pendant plus de quatre heures, me disant que cette route longue et monotone ne manquera pas au souvenir conscient des enfants, et qu'ils peuvent bien manquer ça sans regret. En outre, il est déconseillé de s'arrêter, mieux vaut avancer sans traîner.

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